La Camargue En quittant Arles pour nous rendre

 La Camargue

En quittant Arles pour nous rendre aux Saintes-Marie-de-la-mer, la Camargue est décevante, tout du moins par rapport à l'image que l'on se fait d'elle. Nous traversons pendant des kilomètres des champs de terre labourées prêtes au semailles. Mais lesquelles? Nous apprenons qu'il s'agit de champs (des petites parcelles de 3ha environ cernées par des talus) qui servent à la culture du riz. La Camargue en produit aujourd'hui environ 14000 tonnes (sur les 20000 en France). Tout un réseau de canalisations en provenance du Rhône sert à l'irrigation des rizières d'avril à Août.

Escale de notre navette spéciale aux Saintes-Marie-de-la-mer. Intérêts multiples où chacun s'y retrouve. Séverine qui s'aventure dans les marais à cheval. Margaux dont la culture équine dépasse celle de son papa, grimpe sur le dos d'un poney, ainsi que Mathieu qui s'initie doucement à l'art de la monte . David est venu ici lui pour observer un milieu naturel hors du commun où vivent une foultitude d'oiseaux. Si nous avons manqué notre rendez-vous avec les grues cendrées en Brenne, cette fois le rendez-vous avec les majestueux flamants roses est couronné de succès. Ici où là au détour d'un virage, derrière quelques chevaux camarguais, des «manades» de taureaux sur fond de roselières apparaissent deux, trois puis bientôt des centaines de flamants. La Camargue est la seule région de France où nichent ces oiseaux. Mais ils ne sont pas les seuls à fréquenter les étangs : cigogne blanche, tadornes de belon, sarcelles, bécasseaux, échasses, avocettes animent les lieux...

La Camargue vit aussi au rythme des 20000 taureaux (des Camargue la race locale et des taureaux issus d'Espagne élevés pour les corridas) élevés par quelques 150 manadiers. Comme le taureau, le cheval Camargue fait partie du paysage et ce depuis la Haute Antiquité. Aujourd'hui, il est encore élevé dans certains endroits en semi liberté jusqu'à trois ans où il est capturé pour être dressé. Il sera monté par les gardians ou les touristes de passage.

Pour découvrir cette Camargue, il suffit d'emprunter quelques routes pittoresques (la route de Cacharel par exemple) ou de se balader en vélo ou à pied sur la piste «la draille des 5 gorges».

Aux Saintes-Marie-de-la-mer, les enfants profitent de la plage de sable gris et de l'aire de jeux pour jouer et s'inventer des histoire de...chevaux. Nous visitons l'église fortifiée lieu de pèlerinage des gitans dont la patronne est Sainte Sara. Dans l'église, les ex voto de la seconde moitié du 19ème siècle sont des tableaux très réalistes qui représentent des scènes de miraculés: ici un plancher qui s'écroule lors d'une fête, là un enfant qui passe sous les roues d'une charrette, ici encore un enfant qui reçoit une ruade d'un cheval... Autant de miraculés qui ont voulu remercier à leur manière celui qui les a, semble t-il, sauvés.   

La Camargue, delta du Rhône...

Le delta du Rhône d'une superficie de 100000 hectares figure parmi les quatre plus grands deltas d'Europe. Formé dès l'ère quaternaire par l'apport de sable, de cailloux et de limons déposés par les torrents qu'étaient alors le Rhône et la Durance, il n'a cessé de se transformer au cours des siècles.

A partir du XIIème siècle, les ordres religieux commencent à exploiter la Camargue et entament une lutte contre la mer et les crues du Rhône. La construction de la digue à la mer (1859) et la canalisation du Rhône (1869) ont isolé artificiellement la Camargue mais l'ont également privé d'un apport d'eaux douces et limons fournis par le fleuve.

Crin-Blanc

Comment séjourner en Camargue sans réaliser un de mes vieux rêves : chevaucher au pays de Crin-Blanc? Crin-Blanc, film d'Albert Lamorisse dont fut tiré un livre que feuilleta, enfant, mon père et que je me plais maintenant à lire à Margaux qui a hérité (sans doute y suis-je pour quelque chose..) de ma passion pour les chevaux.

Rendez vous est pris pour une randonnée entre mer et marais, au pays des oiseaux et des courageux petits chevaux blancs. J'arrive dans une halte de bord de route où sont sellés une vingtaine de chevaux blancs et où attendent bruyamment..une vingtaine de touristes. Voilà que mon rêve de chevauchées sauvages se ternit un peu... Là, une dame d'un certain âge qui ne parvient même pas à se hisser sur son cheval et à qui il faut amener un escabeau, ici un jeune couple, elle en talons aiguilles, bien décidé à s'éclater. Le long cortège s'ébranle lentement alors que la « cavalière » de devant hurle de peur quand son cheval se met à trotter. Oublie un peu de ton rêve, Séverine, et profite-en quand même. Le paysage est somptueux mais malheureusement tous ne savent pas en goûter la plénitude avec la même introspection. Derrière moi, un cavalier râle contre le rythme lent de la balade. Certains cherchent à doubler provoquant ruades et morsures. Le point fort de la balade est la traversée d'un étang. C'est magnifique et j'ai devant moi une carte postale resplendissante de lumière...jusqu'à ce que des cris retentissent, un cheval s'est roulé dans l'eau et sa cavalière est trempée. Pagaille, chute. Adieu contemplation. Je grignote tout de même de bien jolies miettes de Camargue. Ca y est, en voilà une qui laisse tomber ses lunettes de soleil en voulant se prendre en photo avec son portable...Le mari descend pour ramasser les lunettes, lâchant son cheval trop heureux de goûter à une liberté bien méritée. Nous réussirons finalement à le rattraper après quelques péripéties... On est bien loin de mes rêves de Camargue mais ce que j'en ai goûté me donne envie d'y retourner. Sans doute au cours d'une randonnée un peu plus « privée »!