Voïdokilia par Séverine (Pylos, Péloponnèse, 6

Voïdokilia par Séverine (Pylos, Péloponnèse, 6 avril)

Ce matin, nous enfourchons les vélos en direction de la lagune de Gialova et de la plage de Voïdokilia réputée pour sa jolie forme arrondie et ses eaux cristallines. Les enfants discutent joyeusement à l'arrière des vélos, s'interrogeant sur ce qu'ils voient au bord de la route (tortues d'eau douce, serpent...). Nous arrivons bientôt à la lagune dont le tour est jalonné de postes d'observation. Mais l'objectif de ce matin est « Voïdokilia bay ». Cela résonne comme un nom d'expédition militaire,peut-être les navires de guerre grecs qui stationnent depuis hier dans la baie (pour des exercices) nous ont ils inconsciemment inspirés... Toujours est-il que la balade prend vite des allures d'expédition. Le chemin que l'on nous a indiqué n'est pas des mieux entretenus et nous nous égarons avant de rejoindre un chemin boueux et plein d'ornières. Peu importe, Voïdokilia bay est en vue! Derniers coups de pédale avant de débarquer sur une plage somptueuse. L'eau est si claire qu'elle est une invitation irrésistible à s'y tremper et je cède à la demande pressante de Mathieu pour retirer ses chaussures. Voilà nos deux Robinsons, bientôt sans pantalons, qui pataugent joyeusement alors que nous poussons avec peine nos vélos sur la plage afin de rejoindre le sentier piéton qui doit nous mener de nouveau à la lagune. Soudain, j'entends un cri. Mathieu vient de tomber dans l'eau et il est trempé. Son pantalon qui était posé sur le siège du vélo est lui aussi tombé et n'est pas plus sec. Notre Mathieu a froid, il pleure et nous le déshabillons bien vite, déshabillant Margaux pour habiller Mathieu! Notre Margaux se retrouve en manches courtes et se met à pleurer, n'acceptant pas de voir son frère porter un de ses tee-shirt favoris... Un pantalon de rechange est sorti de notre sac à dos pour Mathieu mais il faudra user de calme et de diplomatie pour que chacun retrouve sa sérénité et pour que nous puissions réfléchir tranquillement à la situation.

Il est 11h50, nous sommes dans un endroit, certes idyllique, mais d'où nous ne savons pas par où sortir car le sentier prévu n'est pas visible. David monte sur une petite butte pour voir une issue possible mais il en redescend un peu dépité: il n'y a que dunes de sable à perte de vue. Nous hésitons à reprendre le chemin de l'aller qui représente un détour important...Les enfants sont calmés mais Margaux a faim et est fatiguée. Nous décidons de rechercher le sentier et gravissons une première dune. Notre Margaux se conduit comme un bon petit soldat, elle a compris que la situation n'est pas facile pour nous et fait de son mieux pour nous aider. Mathieu, lui demande à remonter sur son siège et je vois David peiner pour pousser son vélo qui s'enfonce dans le sable. Nous sommes bientôt cernés de dunes dans un paysage de toute beauté. La progression est difficile mais bientôt un étroit sentier se dessine! Nous l'empruntons, rassurés. La lagune apparaît devant nous et nous n'avons pas le temps de dire ouf que des hordes de moustiques s'abattent sur nous. Margaux est impressionnée par ces moustiques qui lui entourent le visage, elle se remet à pleurer et avance dans des sanglots. Elle veut remonter sur le siège de mon vélo que je peine alors à faire avancer. Le sentier est interminable et jalonné de rochers qu'il faut escalader...Bientôt le nuage de moustiques s'estompe et une route apparaît. Notre Margaux retrouve son joli sourire et nous respirons.

L'opération Voïdokilia bay est terminée et tout le monde retrouve le quartier général, l'appétit bien aiguisé.