Au pays de l'ours (Psarades, 22 avril) Connue

Au pays de l'ours (Psarades, 22 avril)

Connue pour ses plages, ses iles et ses sites antiques, la Grèce n'en demeure pas moins un pays de hautes montagnes sauvages comme en témoignent les grands prédateurs qui y vivent: loups, chacal, lynx, ours... C'est dans leurs pas que nous avons décidé de poursuivre notre périple. Après avoir découvert l'univers du loup dans les Abbruzes en Italie, nous voulons découvrir celui de l'ours. Environ 200 individus vivent dans la chaine nord du Pinde, aux alentours des lacs Prespa et dans les Rhodopes. Notre quête commence donc du coté de Metsovo, où après avoir visité la ville, nous partons bivouaquer en montagne. Après une nuit de calme absolu, nous flânons dans la montagne pour trouver un poste d'observation sur les montagnes alentours. Pendant que Margaux s'initie à la minéralogie en cassant des pierres qui brillent comme du quartz, que Mathieu lance des cailloux, que Séverine admire le paysage, je scrute, jumelles en mains, les montagnes. Nuls mouvements, nulles silhouettes n'apparaissent mais je m'imprègne du lieu. Les surprises viendront du ciel :un héron pourpré et deux cigognes noires passent au dessus de nous et au loin un coucou chante. Nous poursuivons notre quête en nous rendant aux lacs Prespa aux confins de la Grèce, de l'Albanie et de la Macédoine. Au milieu de la route, j'aperçois une petite tortue terrestre. Nous la prenons en stop sur quelques centaines de mètres pour prendre le temps de l'observer et la relâcher dans un endroit moins dangereux. Les enfants sont sous le charme de cette coque de noix à quatre pattes. Si des tortues traversent la route, les panneaux de signalisation nous mettent en garde de traversées d'animaux plus imposants: le chevreuil et... l'ours. En parcourant la route, nous découvrons son milieu de vie, des montagnes arrondies couvertes de conifères et de feuillus. Autre signe de présence de l'animal : les ruchers sont entourés d'une clôture électrique. L'arrivée sur les lacs Prespa est spectaculaire. Les lacs sont cernés par les montagnes aux sommets couverts de neige. A Agios Germanos,  le centre d'information sur le parc national est fermé, il ouvrira ses portes demain matin. En attendant; nous parcourons la route qui longe les lacs et observons le grand pélican frisé passer au dessus de nos têtes : il passe du petit lac où il niche au grand lac où il pêche. Des cormorans, des hérons, des aigrettes semblent faire de même. Sur les prairies qui bordent le lac, des oies se dandinent avec leurs oisons et sur un poteau téléphonique, une cigogne blanche semble attendre un compagnon encore sur le chemin de la migration. Après la minéralogie, Margaux s'initie à l'ornithologie et manie les jumelles avec dextérité en arrivant à « attraper » les oiseaux en vol. Mathieu arrive à reconnaître le vol des pélicans si caractéristique et nous fait tordre de rire quand devant la photo d'un pélican frisé il nous sort: « tournitouquette » en se passant les doigts dans les cheveux (Bien sûr pour comprendre il faut avoir vu « la petit sirène » de Disney) . Au petit village de Psarades, les pêcheurs proposent des excursions sur les rives du grand lac pour découvrir des ermitages du 14eme siècle dans les falaises où se trouvent des peintures murales. Nous montons à bord l'embarcation de Thassos pour une petite excursion d'une demie heure. Petit bonheur que semble ressentir chacun de nous à bord de l'embarcation :douceur de la lumière, douceur de l'air, le lac est une « mer d'huile » d'où se détachent devant nous les silhouettes de cormorans et de pélicans et où se dressent au loin les silhouettes des montagnes enneigées de Grèce, d'Albanie et de Macédoine. Nous bivouaquons ce soir au village de Sparades, un petit village du bout du monde où après une procession religieuse, seuls retentissent les croassements des rainettes, le chant d'un hibou petit duc et le jappement d'un renard. J'imagine l'ours partir en maraude sur quelques sentes pas loin d'ici...