Embarquement pour la Grèce (Brindisi, 01 avril)

Embarquement pour la Grèce (Brindisi, 01 avril)

Le mois d'avril est arrivé, il est temps pour nous de quitter l'Italie. Nous ne faisons que survoler le sud en faisant une escale à Matera, une ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Ville troglodytique depuis la nuit des temps (les grottes avant d'être aménagées furent habitées à la préhistoire), Matera est située dans un paysage étonnant. Un canyon à première vue mais qui n'en est pas un comme nous explique Nicola notre guide passionné qui est venu louer ses services sur notre aire de bivouac. Cette vallée encaissée est en fait une déchirure de l'écorce qui résulte de phénomènes tectoniques. A bord de son minibus que nous partageons avec un couple d'italiens, Nicola nous guide dans sa ville et nous en explique ses caractéristiques. Nous commençons par visiter une église troglodyte Byzantine avant de nous rendre dans les quartiers populaires de la ville qui ont été construit en 1964 pour loger les 20000 habitants des « sassis », ces maisons taillées dans la falaise. Ces habitants vivaient dans des conditions insalubres et souffraient de nombreuses maladies. Ce n'est qu'en 1946 que furent révélées à l'Italie toute entière les conditions de vie de ces gens à travers le livre «Le christ s'est arrêté à Eboli ». La prise de conscience générale a poussé le gouvernement à agir et à reloger les habitants. Aujourd'hui ces habitations sont recolonisées à coup de grands travaux grâce notamment aux associations qui essaient de faire revivre ces sassis. La ville s'est construite autour de ces grottes ancestrales en construisant une avancée jusqu'à y créer des étages pour la bourgeoisie d'alors. Véritable gruyère, la ville s'étage sur une dizaine de niveaux par endroit. Cette ville de calcaire éblouissante quand le soleil l'éclaire de tous ses rayons semble toute entière sculptée dans la roche. Et quel soleil!Cette partie de l'Italie semble déjà gagnée par le printemps: les martinets survolent la ville ainsi que de nombreux faucons crecerelettes qui fréquentent les nichoirs installés ci et là par les habitants. Magnifique étape donc avant de partir pour Brindisi. Nous y arrivons en fin d'après-midi et nous nous rendons directement sur le port. Nous faisons deux agences et téléphonons à une autre. Une agence nous propose le trajet Brindisi-Patras (en Grèce) pour 168€ en « open deck » (nous dormons dans le camping-car) alors que les autres en demandent plus de deux cents. Nous n'hésitons pas et achetons nos billets: départ prévu seulement demain à 18H30. Mais en regardant d'un peu plus près les billets, nous comprenons pourquoi le prix est si attractif: l'agent s'est trompé de catégorie. Alors que nous dépassons les 6 mètres, il nous a fait payer la catégorie moins de six! Nous retournons le voir. Il n'est plus là et son collègue ne sait pas trop quoi faire :« Appelez moi demain si vous avez un problème à l'embarquement... ». Le lendemain, pour réduire la taille de notre engin, je monte les vélos sur le toit et rabat le porte-vélo. En fait à l'embarquement, les agents ne sont pas très pointilleux sur les mensurations de notre camping-car et nous grimpons dans le bateau sans difficulté. Les enfants sont impressionnés par la taille du bateau dans lequel se garent plusieurs dizaines de semi remorques. Nous nous y baladons en faisant « rouli, roula » dans les couloirs alors que le bateau se met à tanguer...