Rencontres à Kalamata (Kalamata, Péloponnèse, 8

Rencontres à Kalamata (Kalamata, Péloponnèse, 8 mars)

Mathieu a passé une nuit difficile, il souffre de diarrhées très fréquentes et de maux de ventre, nous décidons donc de prolonger notre séjour à Kalamata qui dispose d'un hôpital récent. Ce matin, Stella nous rejoint pour une matinée « shopping » (les enfants ont besoin de chaussures). David reste avec Mathieu au camping car et nous voilà parties avec Margaux dans la voiture de Stella en direction du centre ville. Stella et son mari, Giani, parlent très bien français, ils ont vécu 30 ans en Belgique où Giani était mineur. Ils bénéficient d'une retraite belge et vivent plutôt confortablement à Kalamata où ils possèdent une petite maison à deux pas de la mer. La réalité économique de beaucoup de leurs compatriotes est beaucoup plus difficile. Sa fille, qui travaille dans un bureau, gagne huit cents euros mensuels et elle doit payer 250 euros de cours particuliers par mois à chacun de ses deux enfants. L'école publique en Grèce ne semble pas suffisamment performante pour donner aux élèves un bon niveau d'éducation. Les parents doivent donc payer des professeurs pour compléter les enseignements durant les après-midi (les élèves travaillent jusqu'à 14h00). Cela représente une somme importante au vu du niveau moyen des salaires et du coût de la vie qui est comparable à la France. Stella a un regard très critique vis à vis du gouvernement socialiste actuel qu'elle rend responsable de tous les maux de la Grèce. Elle va jusqu'à nous envier notre président! Cette même réalité économique m'apparaîtra, le lendemain, à l'hôpital où nous retournons pour notre Mathieu. Kelly, La jeune interne en pédiatrie qui s'occupe de lui parle un français excellent et nous discutons quelques instants. Elle rêvait de venir terminer ses études en France mais les soucis de santé d'un de ses proches ont mis ses rêves de côté. Elle est docteur et gagne 1 000 euros par mois. Les gardes qu'elle effectue le week-end lui sont payés 3 euros de l'heure! Elle connaît parfaitement le système de santé français et a une idée du salaire moyen d'un médecin dans notre pays. La comparaison ne souffre aucune ambiguïté. Elle aussi incrimine le gouvernement au pouvoir depuis plusieurs années qui n'a pas su concrétiser l'espoir qu'il avait suscité...Alors que je lui demande ce que lui dois pour les examens de Mathieu, elle me répond, en me montrant les familles tsiganes qui attendent dans le couloir « Rien, ici, on ne paye pas et c'est peut-être pour ça que nous sommes pauvres...Mais, bon, vous vous êtes européens, ce n'est pas comme ces « gipsy », Sarkozy a su les renvoyer chez eux, nous on les a gardés... ». Vision un peu désabusée et simpliste de cette jeune fonctionnaire victime des mesures d'austérité imposées par le gouvernement grec suite à la grave crise financière qui a touché le pays. La crise a des causes tellement obscures pour les citoyens qu'ils semblent en trouver des causes plus palpables, plus identifiables : le gouvernement, les tziganes... En tout cas N. Sarkozy semble avoir une bel avenir en Grèce.